Saint Seurin sur l’Isle, site antique
D’après le “Circuit Léo Drouyn, paysage et patrimoine de Saint Seurin sur l’Isle” Editions de l’Entre deux Mers / GRAHC / Les amis de Léo Drouyn
C’est d’abord la géographie qui a guidé l’implantation du bourg de Saint-Seurin-sur-l’Isle là où nous le voyons aujourd’hui. Il a connu une occupation humaine continue depuis la préhistoire jusqu’à nos jours.
En contrebas de l’église actuelle se trouvait un antique passage à gué pour franchir la rivière. Des découvertes de silex taillés, de harpons en os de renne, de haches en cuivre et en bronze attestent de l’utilisation de ce gué pendant les époques préhistoriques et gauloises. Ce point de franchissement de la rivière a été décisif pour le passage de la voie romaine qui conduit du Pas de Rauzan (près de Castillon) jusqu’au Chalaure. Cette voie, attestée par la toponymie, passait par Francs, Puynormand, Saint-Seurin, Larret, Saint-Christophe-de-Double… Cette route a été empruntée en 1003 par l’abbé Abbon, moine de Fleury qui passa voir sa mère à Francs, avant de se rendre à La Réole. De plus, lors de fouilles faites à l’occasion de la pose du nouveau carrelage de l’église en 1910, les ouvriers mirent à jour un sarcophage avec des ossements humains et un anneau d’or ce qui confirme cette occupation humaine très ancienne.

Enfin, derrière l’église se trouvait une petite motte féodale, fortin militaire en terre avec une tour en bois pour défendre les lieux et faire face aux attaques de barbares. Le ruisseau de la Vergnasse, aujourd’hui canalisé, vient se jeter dans l’Isle à cet endroit et renforçait l’aspect défensif des lieux. On peut penser qu’avant la construction du moulin sur l’Isle, il y avait un petit moulin sur le ruisseau de la Vergnasse, ce qui faisait de Saint-Seurin, dès le moyen-âge, un véritable village avec église, moulin et organe défensif avec deux principales voies de communication : la voie romaine nord-sud et la rivière Isle.
D’ailleurs, les Vikings, « hommes du nord » sont passés par Saint-Seurin. Présents à Bordeaux en 745, puis en remontant l’Isle, ils ravagent Périgueux en 747. Ils ont fondé un camp à puynormand, d’où le nom de cette commune. Ils ont forcément accosté au niveau de l’église de Saint-Seurin.
Saint Seurin est la forme médiévale de Saint Séverin, de Saint Sévérinus, nom porté par plusieurs Saints aux 5ème et 6ème siècles.
L’une des premières manifestations de la commune fut, au 12ème siècle, la construction d’une église fortifiée sur les bords de l’Isle. Edifiée sur des fondations romaines, elle défendait le passage de la rivière et servit, plus tard de refuge aux pèlerins qui se rendaient à Saint Jacques de Compostelle. Ruinée par les Huguenots au 17ème siècle puis relevée, elle ne conserve de l’époque romaine que l’abside et le mur du Nord.
La prospérité économique de Saint Seurin sur l’Isle se développa sous la domination anglaise qui dura trois siècles jusqu’à la bataille de Castillon en 1453.
Le 18ème siècle fut une période de rénovation après les guerres de religion avec notamment le tracé d’une route Libourne-Montpon par Saint Seurin sur l’Isle…

Au 18ème siècle, le nombre et la variété des artisans, ainsi que l’activité des trois moulins nous montrent une paroisse bien vivante et probablement assez importante. Les bords de l’Isle, à Logerie et Rieu, y constituent des quartiers résidentiels accueillant des détenteurs d’offices dont l’activité s’exerce pourtant dans les juridictions voisines.
La seconde moitié du 19ème siècle voit l’entrée de la commune dans l’ère industrielle. Dans son usine de Saint Seurin, l’ingénieur anglais William Jackson est le premier à appliquer le procédé Bessemer pour la transformation de la fonte en acier. C’est une révolution technique que des intérêts extérieurs ont tenté d’occulter : de métal de luxe, l’acier devient, sans perdre ses qualités, un métal à bas prix ouvrant des perspectives à tout le développement technique. Le procédé est, ensuite, rapidement diffusé dans la majorité des pays industriels du monde.
Le 20ème siècle accentue la vocation industrielle de la commune avec la création dès 1892 de l’usine de capsulerie encore active et reprise par Péchiney Capsules du groupe ALCAN. En 1907, Georges Soustre crée la manufacture Soustre d’emballage et carton ondulé actuellement usine SMURFIT SOCAR. En 1919, la manufacture de chaussures est devenue en 1925 les Etablissements Bonnot.
La commune, encore fortement industrielle compte deux des plus importantes usines du Libournais Amcor et Smurfit Kappa.
Saint Seurin sur l’Isle dans l’histoire du sport
La commune de Saint-Seurin a fortement marqué l’histoire du sport avec plusieurs champions dans différentes disciplines qui contribuent au rayonnement de la ville au niveau national et international.
Pierre Durand et Jappeloup
Pierre Durand est né en 1955 à Saint-Seurin-sur-l’Isle. Cavalier de saut d’obstacle, il acquiert le cheval de selle français Jappeloup en 1981. Ce cheval, malgré ses origines modestes et sa hauteur au garrot de 1,58 m va laisser une trace indélébile dans l’histoire du sport français. Ce couple d’exception va remporter une série de victoires dont la plus mémorable est le titre de champion olympique aux jeux olympiques de Séoul en 1988. Jappeloup arrête la compétition en septembre 1991. Un jubilé a été organisé en bas de la tour Eiffel en son honneur. Deux mois plus tard, il meurt d’un arrêt cardiaque dans son box. On peut toujours voir sa tombe au centre équestre de Saint-Seurin-sur-l’Isle.

Le football
L’A.S. Saint-Seurin-sur-l’Isle est née en 1926, devient champion du Libournais en 1931 et monte en Ligue du Sud-Ouest (1ère série) dauphine de la Division d’Honneur. On retrouve à Saint-Seurin après la guerre 39-45, une belle équipe, toujours en 1ère série. Elle connut le succès en 1958, avec la montée en Promotion d’Honneur et en 1960 en Division d’Honneur. Puis elle accéda en Championnat de France Amateur en 1964. Durant les vingt années qui suivirent, Saint-Seurin connut une marche alternée Division d’Honneur, Division 4, Division 3. En 1984-85, la montée progressive des verts aboutit à l’entrée chez les « pros » D2 en 1989. S’en suivent trois saisons magnifiques face à de grandes équipes, les Girondins, Strasbourg, Nice, Valencienne, Brest, Red Star, Rouen, le Havre, Cannes, etc.
L’AS Saint-Seurin revient en DH en 1993 puis se regroupe avec Libourne de 1998 à 2008. Le club « Libourne-Saint-Seurin » affiche tour à tour un palmarès en CFA2, CFA, National, Ligue 2 (Pro) et des résultats en Coupe de France : 1/4 de finale contre Bastia au stade Chaban-Delmas.
Saint-Seurin reprend son autonomie en 2008, effectue trois saisons en District Gironde Est et retrouve de nouveau la Ligue d’Aquitaine. Des équipements à la hauteur des exploits de l’ASSS, et notamment le stade Fernand Sastre témoignent de l’importance du football pour la ville de Saint-Seurin-sur-l’Isle.
Mounir Guebbas
Enfant de Saint-Seurin-sur-l’Isle, Mounir Guebbas s’inscrit en 2001 au club du CAM de Bordeaux et commence à boxer. Il totalise rapidement 24 combats pour 21 victoires, dont 13 par K.O. Il commence alors un parcours professionnel en 2003. Appelé « le guerrier » par certains médias, Mounir Guebbas arrivera en 2008 en demi-finale du championnat de France professionnel.